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La Serva padrona - La Servante Maîtresse ...    un opéra culte !

Intermezzo de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736) - Livret d'A.F. Gennaro (?-c.1745)
Version française avec dialogues parlés de Pierre Baurans (1710-1764)


La Serva Padrona, intermezzo en deux parties, sur un livret de Gennaro Antonio Federico (?-c.1745), d'après la pièce de Jacopo Angelo Nelli, a été créée le 28 août 1733, au Teatro San Bartolomeo, à Naples. Loin des productions autonomes actuelles, il s'agissait, comme le mot intermezzo l'indique, d'un divertissement intercalé dans l'opera seria Il Prigioner superbo. On représentait ce type de production devant le rideau pendant les changements de décor.

Par la suite, l'œuvre fut reprise par la troupe Mingotti qui la joua de 1738 à 1756, en Italie, à Graz en 1739, Dresde en 1740, Prague en 1744, et Londres (1750 et 1761). Elle fut traduite en allemand (Die Magd als Frau) et jouée avec succès en 1740 à la Redoutensaal du Palais impérial de Vienne. Elle fut également jouée à Berlin en 1746 et 1747 et mise à l'affiche à Paris par la troupe de comédiens italiens le 4 octobre 1746, avec une Ouverture de Paganelli, sans grand succès : il n'y eut que quatre représentations.

Ce n'est qu’en 1752 que l'œuvre s'imposera à Paris et déclenchera la fameuse Querelle des Bouffons. L'Opéra de Paris avait invité une troupe de comédiens-chanteurs italiens - la troupe des Bouffons de Eustacchio Bambini-, avec seize danseurs et un petit orchestre, à représenter des opéras bouffe italiens, dont la Serva padrona, le 1er août 1752, précédée d'une Ouverture de Telemann. C'était la première fois qu'une œuvre en langue non française était représentée à l'Académie Royale de Musique. Elle eut un grand succès, et fut jouée à douze reprises. Tout au long des années 1752 à 1754, des œuvres du même type furent jouées avec succès.

En raison de à son impact sur le public, La Serva padrona fut traduite en français par Pierre Baurans (1710-1764), et jouée sous le nom de La Soubrette maîtresse, puis La Servante maîtresse, à la Foire St-Germain, le 14 août 1754, avec Mme Favart (Zerbine) et Rochard (Pandolfe), sous la forme d'une comédie en deux actes, mêlée d'ariettes parodiées de La Serva Padrona. En 1755, cette adaptation est publiée chez de La Chevardière et diffusée. La Bibliothèque Nationale de France en possède naturellement un exemplaire, mais c’est aussi le cas de celle du Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles.

Que ce soit dans la version italienne, avec récitatifs, ou la française, avec dialogues parlés, le propos de La Serva padrona / Servante maîtresse est de divertir, mais elle pose aussi les problèmes, toujours actuels, de l’égalité homme-femme, de la débrouillardise des petites gens lorsqu’ils veulent s’élever dans la société…

 


L'Histoire

Uberto / Pandolphe (basse), vieux garçon, sympathique mais un peu niais, est las de la tyrannie domestique de sa servante Serpina / Zerbine (en italien, littéralement petit serpent, soprano).

Après avoir attendu, vainement, son chocolat, il annonce son intention de prendre femme et charge son valet Vespone / Scapin* (en italien, littéralement grosse guêpe, rôle muet mimé) de lui trouver une épouse, même laide, pourvu qu'elle soit soumise.

Cependant, la servante sait que le vieux grognon, qui l'a recueilli et élevé, a, au fond, un faible pour elle. Elle est par conséquent décidée à se faire épouser à tout prix.

D'accord avec le valet, elle annonce à son tour son mariage avec un certain capitaine Tempête. Elle fait de ce galant imaginaire une description si terrible qu'Uberto/Pandolphe, préoccupé de l'avenir de sa pupille et servante, demande à faire la connaissance du capitaine.

Vespone/Scapin arrive alors, déguisé. La servante prend à part son vieux maître et lui explique que son fiancé exige - avec d'horribles menaces - le paiement d'une dot exorbitante. Il ne renoncera à elle et à la dot que si Uberto/Pandolphe l’épouse lui-même.

Soulagé de cette échappatoire, il accepte avec joie. Serpina/Zerbine, qui n'attendait que cela, de servante, devient donc maîtresse. L’histoire se termine donc dans un émouvant duo amoureux.

* certainement une allusion au serviteur rusé de Molière, même si, dans ces circonstances, c’est Zerbine qui le commande et le pousse à certaines ‘fourberies’.

 


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